L'Utopie des images de la révolution russe (Docu-Reportage)

Synopsis et Consensus de la critique

1917-1927 : ce documentaire alerte propose la traversée d'une décennie prodigieuse qui vit de jeunes pionniers nommés Lev Koulechov, Dziga Vertov ou Sergueï Eisenstein réinventer le cinéma à la faveur de la révolution. La scène, tournée par un jeune cinéaste de 27 ans pour commémorer le vingtième anniversaire de la révolution de 1905, est familière même à ceux qui n'ont pas vu "Le cuirassé Potemkine" : en lançant un landau dans les escaliers du port d'Odessa sous les tirs de la garde impériale, Sergueï M. Eisenstein entre par la grande porte au panthéon du septième art et devient, pour un temps, l'un des artistes officiels les plus en vue de la jeune Union soviétique. Mais si "l'effet Koulechov", ou le "ciné-vérité" documentaire du franc-tireur Dziga Vertov sont également restés dans les annales cinéphiles, le prodigieux foisonnement qui présida à leur éclosion, au lendemain de la révolution, est moins connu. Un drame expressionniste de et avec Vladimir Maïakovski ("La demoiselle et le voyou", 1918), un étonnant western urbain tourné par le jeune Koulechov ("Les aventures extraordinaires de Mr West au pays des bolcheviks", 1924), la curiosité SF constructiviste "Aelita"(1924), par son aîné Protazanov, l'insolent "Trois dans un sous-sol" (1927) d'Abram Room, l'exquise comédie de Boris Barnet "La jeune fille au carton à chapeau" (1927)… : à l’improbable croisement entre codes venus d'Hollywood et réalité quotidienne de l’URSS, les réalisateurs multiplient les films avec peu de moyens mais avec une stupéfiante liberté, s'emparant passionnément de cet art neuf pour refléter un monde en train de naître. En 1929, alors que s'ouvre une nouvelle ère grâce à la technique du parlant, le pouvoir stalinien charge le commissaire Boris Choumiatski de mettre au pas les cinéastes. Modernité et liberté Contée par Ada Voitsik, une jeune actrice née avec le siècle, qui a interprété son premier grand rôle en 1927, cette traversée du jeune cinéma soviétique, muet pour l'essentiel, repose d'abord sur les éblouissantes images tournées alors. Emmanuel Hamon les accompagne d'un commentaire spirituel et fluide, qui mêle les réflexions fictives d'Ada et les témoignages laissés par Maïakovski, Koulechov ou Vertov. Que l'on connaisse ou pas les œuvres qu'il fait ainsi revivre, leur effet de surprise reste intact : la modernité, la liberté et la créativité de cette "utopie des images", portée par la foi et le talent d'une génération, disent avec force la réalité du monde et de l’histoire, retraçant de façon poignante toutes les étapes d'une révolution confisquée.

  • De Emmanuel Hamon
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critique presse :

 

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